Bonjour et bienvenue dans ce premier épisode de Orthoculture ! 🎉
Dans notre première rubrique : Un mot, pour enrichir ton vocabulaire, nous allons nous intéresser à ce petit mot : Balconer.
🔎 Balconer signifie : Regarder quelque chose de loin, sans y prendre part.
Un peu comme regarder l’agitation de la rue depuis son balcon ! En tant que correctrice, je ne balcone pas ! 😉 Je reste aux aguets sur chacun des textes que l’on me confie.
👉 Ce mot, qui n’est pas péjoratif, fait état d’un constat lorsque j’observe ce qui se passe autour de moi, lorsque je regarde les informations : nous sommes nombreux à balconer, à regarder notre monde partir à vau-l’eau et à ne rien faire pour lutter contre cet état. Je crois que nous sommes nombreux à être en état de choc, face aux violences qui s’étalent chaque jour dans les colonnes de nos journaux, face aux imprudents, face à nos politiques parfois, face aux guerres, aux scandales qui secouent notre planète et notre société.
Nous balconons : nous regardons le monde s’effriter, impuissants.
Souvent, nous balconons aussi nos vies. N’avez-vous jamais eu cette impression de la voir défiler sous vos yeux avec cette sensation tenace de ne pas y prendre part ?
Cela m’est arrivé à moi. Il s’agit là du moment fatidique qui précède cette question : quel est le sens de ma vie ?
Dans l’un de ses discours, le pape François a utilisé ce néologisme : « Ne balconez pas la vie, entrez en elle, comme l’a fait Jésus. » Que l’on soit croyant ou non, il avait peut-être raison, peut-être devrions-nous cesser de balconer, et mettre les mains dans la terre qui est la nôtre, avec la certitude d’en sortir des graines d’espoir.
🔎 Savez-vous d’où vient ce verbe « balconer » ?
Il vient du mot « balcon » évidemment, lui-même emprunté à l’italien balcone, qui tire ses origines de l’allemand : balken, qui signifie « poutre ». Le mot « balcon » se serait popularisé au 16e siècle.
Ce verbe peut être transitif ou intransitif.
Houla, je vous ai perdu ? Pas de panique !
C’est ce que nous allons voir dans la suite de l’épisode : Une règle, pour mieux utiliser le français.
👉 Un verbe transitif est un verbe qui est accompagné d’un complément d’objet direct (le COD, qui répond à la question qui ou quoi) ou d’un complément d’objet indirect (le COI, qui répond à la question à qui/à quoi, de qui/de quoi).
Par exemple :
🌱 Gabriel range ses dessins = Gabriel range « quoi » ? Ses dessins (COD).
🌱 Octavia parle de sa sortie à la piscine = Octavia parle « de quoi » ? De sa sortie à la piscine (COI).
Un verbe intransitif n’est accompagné ni d’un COD ni d’un COI. Le sens du verbe concerne donc uniquement le sujet.
Par exemple : les chevaux galopent. (Le verbe galoper ne répond à aucune question, il concerne uniquement son sujet : les chevaux). Idem pour : Les marins voyagent.
Partons maintenant à l’assaut de notre troisième et dernière rubrique : Une expression, pour mieux comprendre notre langue.
🔎 Savez-vous d’où vient l’expression : « Il y a du monde au balcon ? »
Je pense que vous connaissez au moins son sens. Dans le langage familier, cela signifie qu’une femme possède une poitrine généreuse.
Elle fait référence aux balcons, qui sont visibles, saillants en façade, comme la poitrine d’une femme mise en valeur par un corset. Si l’on veut filer la métaphore, cette expression sous-tend que la foule s’amasse au balcon (comme elle le ferait au théâtre), pour y admirer la scène, ou la vue !
Difficile à sourcer, cette expression serait peut-être née à l’opéra Garnier, au 19e siècle. En effet, les mariages arrangés étaient monnaie courante à cette époque et les pères, pour trouver un époux à leurs filles, se rendaient en leur compagnie au théâtre, le lieu bourgeois par excellence. Ils se plaçaient dans l’un des nombreux balcons donnant sur l’entrée principale. Ainsi, les jeunes femmes pouvaient voir et être vues ! Aussi il n’aurait pas été surprenant d’entendre ces derniers s’exclamer : « Tiens, il y a du monde au balcon ce soir ! » Ironique, quand on sait que les décolletés faisaient fureur quand les chevilles, elles, devaient rester cachées !
Peu élégante, on évitera aujourd’hui de parler de la poitrine d’une femme de cette façon, tout comme on évitera de s’asphyxier avec un corset trop serré ! 😉